Coup de Gueule du moment
Alors voilà, cet article est un énorme coup de gu*ule à l'adresse de mon système scolaire actuel. Enjoy... ¬¬
Cette année, j'ai décidé de quitter mon cher petit collège international, plein de langues et fou de voyages, pour aborder quelque chose d'un peu plus sérieux. J'ai gagné mon inscription dans un lycée très scientifique, classé dans les meilleurs français par le Monde et tout le tralala. J'étais très fière de moi, pensez-vous: arriver dans l'élite parisienne des lycéens, décrocher un Bac S mention Excellentissime d'ici deux ans, et faire une carrière fantastique dans ce que je voudrais sans le moindre mal, c'était un petit tableau assez joli à regarder, que l'établissement m'avait offert sur une jolie brochure.
J'avais simplement oublié de regarder la montagne avant le petit drapeau qui flottait à son sommet. Pour atterrir en première, il fallait déjà une certaine moyenne générale. Pour se hisser jusque dans la filière scientifique, c'était encore une autre (sale) histoire.
Et puis quand j'ai regardé mon agenda et que j'ai remarqué que j'avais un devoir de type Bac en Français pour vendredi, je me suis dit que l'année n'allait pas être très drôle. Encore moins quand j'ai vu que pour la veille, il y avait un devoir maison de mathématiques sur un chapitre que je n'avais pas encore eu le temps de déchiffrer, et l'analyse d'une controverse bizarroïde pour l'histoire. Ah, et puis un devoir surveillé de trois heures en physique-chimie pour le samedi matin, c'était sympa aussi de pouvoir le réviser. Le mieux, c'est que c'était pareil pour la semaine suivante. Et pour toutes les autres pages de mon pauvre agenda. Je me suis alors souvenue de la phrase d'une collègue: "Nouvelle ? Oh, bah t'attends pas à une moyenne au dessus de huit. "
Je vous l'accorde, d'un autre côté, le lycée est en plein centre ville, on peut sortir entre copines à midi pour manger chinois, italien ou Mc Donaldais, le campus de l'établissement est très agréable, les professeurs compétents, le matériel neuf et à la pointe de la technologie. Les élèves sont adorables - pour la plupart-, même.
Alors bon, j'ai passé mon premier trimestre comme on marche pour la première fois sur le pont d'un bateau en pleine tempête. On ne tombe pas forcément, mais de là à dire qu'on pourrait faire des claquettes en chantant du jazz, bonjour. Je n'étais même pas en péril, je suis arrivée avec 14 de moyenne générale. Et trois points de moins en maths. Normal, me suis-je dit, puisque je n'ai pas touché à un seul cahier l'année dernière, je n'ai pas pris l'habitude de bosser comme on le fait ici. Au second trimestre, je me suis donc réellement mise au travail. J'ai laissé mon ordinateur entre deux bouquins, sur une étagère, et puis j'ai bossé une heure par jour. Ça m'a bien plu, en fait; je me sentais plus en sécurité de gratouiller de la feuille comme ça, et puis ça se sentait sur les notes: en SVT, par exemple, j'ai tout bonnement gagné 10 points entre une interrogation pas revue et un devoir surveillé avec un énoncé de type Bac. Du coup, sans particulièrement m'en rendre compte, j'ai fini par faire des exercices facultatifs, des leçons en avance, passant d'une heure à trois, quatre, cinq, la moitié de la nuit. C'est tout simplement devenu maladif, je n'ai fait que travailler. Je me suis rendue compte du décalage quand mon homme est devenu complètement malheureux de voir ce que je faisais de ma vie.
Bref, tout ça, on s'en fiche un peu, en fait. Tout ça pour quoi ? Parce que ça fait des mois qu'on me - qu'on nous - répète que la science est la seule filière qui nous mènera à quelque chose de potable dans la vie, que les notes sont les seuls éléments qui feront de nous des gens bien, que tout ce qui n'est pas mathématique en sert à rien, que tout ce qui ne se rapporte pas sous la forme d'une équation n'est que de l'ordure inventée pour les ratés. Et que je viens de me rendre compte que je ne prend plus de photos, que je n'écris plus de poèmes ni de nouvelles, et que je touche encore moins à mon instrument.
Alors quoi, zut ? Est-que Rome c'est construit sur des mathématiques ? Est-ce que Nightwish a écrit ses musiques avec des algorithmes ? Est-ce que je suis tombée amoureuse en mangeant mes cours de physique ? Oui, des hormones influent sur le cerveau et gnagnagna, mais quand on voit quelqu'un, quand on ne fait que croiser une personne, qu'est-ce qui fait que les procédés chimiques se mettent en marche ? La couleur du chapeau, peut-être ?!
Alors voilà, plus ça va, plus je me rend malade, à vomir en pleine nuit parce que j'ai pas envie de retourner travailler, à choper des sinusites carabinées pour qu'on me réponde que c'est-tout-dans-la-tête, plus je bosse pour obtenir des 9 en maths, et moins je suis moi-même.
Du coup, j'ai décidé de laisser tomber cette filière S débile - de toutes façons, il est hors de question que je fasse 5h de maths par semaine - pour viser le ES, et puis après faire du droit ou des sciences politiques, et me battre pour ce qui me plaît dans la vie, comme la liberté (si certains en ont entendu parler...), ou les pauvres petits animaux nourris aux graines atomiques. Je n'arrêterai pour rien au monde d'écrire, de faire de la musique ou de gribouiller sur mes feuilles de cours. Et puis un jour, j'aurais des enfants, et peut-être que je laisserai mon travail quelques années pour m'occuper de mon p'tit bout de chou, et je ferai carrière en musique pour continuer de gagner ma vie.
J'en sais rien. Une chose est sûre, j'ai eu tout faux pendant des mois, et c'était la dernière fois.
Cette année, j'ai décidé de quitter mon cher petit collège international, plein de langues et fou de voyages, pour aborder quelque chose d'un peu plus sérieux. J'ai gagné mon inscription dans un lycée très scientifique, classé dans les meilleurs français par le Monde et tout le tralala. J'étais très fière de moi, pensez-vous: arriver dans l'élite parisienne des lycéens, décrocher un Bac S mention Excellentissime d'ici deux ans, et faire une carrière fantastique dans ce que je voudrais sans le moindre mal, c'était un petit tableau assez joli à regarder, que l'établissement m'avait offert sur une jolie brochure.
J'avais simplement oublié de regarder la montagne avant le petit drapeau qui flottait à son sommet. Pour atterrir en première, il fallait déjà une certaine moyenne générale. Pour se hisser jusque dans la filière scientifique, c'était encore une autre (sale) histoire.
Et puis quand j'ai regardé mon agenda et que j'ai remarqué que j'avais un devoir de type Bac en Français pour vendredi, je me suis dit que l'année n'allait pas être très drôle. Encore moins quand j'ai vu que pour la veille, il y avait un devoir maison de mathématiques sur un chapitre que je n'avais pas encore eu le temps de déchiffrer, et l'analyse d'une controverse bizarroïde pour l'histoire. Ah, et puis un devoir surveillé de trois heures en physique-chimie pour le samedi matin, c'était sympa aussi de pouvoir le réviser. Le mieux, c'est que c'était pareil pour la semaine suivante. Et pour toutes les autres pages de mon pauvre agenda. Je me suis alors souvenue de la phrase d'une collègue: "Nouvelle ? Oh, bah t'attends pas à une moyenne au dessus de huit. "
Je vous l'accorde, d'un autre côté, le lycée est en plein centre ville, on peut sortir entre copines à midi pour manger chinois, italien ou Mc Donaldais, le campus de l'établissement est très agréable, les professeurs compétents, le matériel neuf et à la pointe de la technologie. Les élèves sont adorables - pour la plupart-, même.
Alors bon, j'ai passé mon premier trimestre comme on marche pour la première fois sur le pont d'un bateau en pleine tempête. On ne tombe pas forcément, mais de là à dire qu'on pourrait faire des claquettes en chantant du jazz, bonjour. Je n'étais même pas en péril, je suis arrivée avec 14 de moyenne générale. Et trois points de moins en maths. Normal, me suis-je dit, puisque je n'ai pas touché à un seul cahier l'année dernière, je n'ai pas pris l'habitude de bosser comme on le fait ici. Au second trimestre, je me suis donc réellement mise au travail. J'ai laissé mon ordinateur entre deux bouquins, sur une étagère, et puis j'ai bossé une heure par jour. Ça m'a bien plu, en fait; je me sentais plus en sécurité de gratouiller de la feuille comme ça, et puis ça se sentait sur les notes: en SVT, par exemple, j'ai tout bonnement gagné 10 points entre une interrogation pas revue et un devoir surveillé avec un énoncé de type Bac. Du coup, sans particulièrement m'en rendre compte, j'ai fini par faire des exercices facultatifs, des leçons en avance, passant d'une heure à trois, quatre, cinq, la moitié de la nuit. C'est tout simplement devenu maladif, je n'ai fait que travailler. Je me suis rendue compte du décalage quand mon homme est devenu complètement malheureux de voir ce que je faisais de ma vie.
Bref, tout ça, on s'en fiche un peu, en fait. Tout ça pour quoi ? Parce que ça fait des mois qu'on me - qu'on nous - répète que la science est la seule filière qui nous mènera à quelque chose de potable dans la vie, que les notes sont les seuls éléments qui feront de nous des gens bien, que tout ce qui n'est pas mathématique en sert à rien, que tout ce qui ne se rapporte pas sous la forme d'une équation n'est que de l'ordure inventée pour les ratés. Et que je viens de me rendre compte que je ne prend plus de photos, que je n'écris plus de poèmes ni de nouvelles, et que je touche encore moins à mon instrument.
Alors quoi, zut ? Est-que Rome c'est construit sur des mathématiques ? Est-ce que Nightwish a écrit ses musiques avec des algorithmes ? Est-ce que je suis tombée amoureuse en mangeant mes cours de physique ? Oui, des hormones influent sur le cerveau et gnagnagna, mais quand on voit quelqu'un, quand on ne fait que croiser une personne, qu'est-ce qui fait que les procédés chimiques se mettent en marche ? La couleur du chapeau, peut-être ?!
Alors voilà, plus ça va, plus je me rend malade, à vomir en pleine nuit parce que j'ai pas envie de retourner travailler, à choper des sinusites carabinées pour qu'on me réponde que c'est-tout-dans-la-tête, plus je bosse pour obtenir des 9 en maths, et moins je suis moi-même.
Du coup, j'ai décidé de laisser tomber cette filière S débile - de toutes façons, il est hors de question que je fasse 5h de maths par semaine - pour viser le ES, et puis après faire du droit ou des sciences politiques, et me battre pour ce qui me plaît dans la vie, comme la liberté (si certains en ont entendu parler...), ou les pauvres petits animaux nourris aux graines atomiques. Je n'arrêterai pour rien au monde d'écrire, de faire de la musique ou de gribouiller sur mes feuilles de cours. Et puis un jour, j'aurais des enfants, et peut-être que je laisserai mon travail quelques années pour m'occuper de mon p'tit bout de chou, et je ferai carrière en musique pour continuer de gagner ma vie.
J'en sais rien. Une chose est sûre, j'ai eu tout faux pendant des mois, et c'était la dernière fois.